Alternance ou continuité … Le jour ne s’est point couché, c’est mon absence qui l’a rendu noctambule, l’absence de mon regard entre temps. J’ai clos mes paupières, sans ouvrir l’oeil de l’esprit, croyant ainsi voir le jour disparaître. Entre temps de la présence et celui de l’absence, le fil torsadé tente de tisser son propre tempo culturel, défilé incessant des nuits et des jours. Pourtant le jour ne s’était point couché, c’est mon absence qui l’a endormi. Le jour est toujours présent ; la nuit aussi. C’est par mon regard que le jour existe, ou que la nuit demeure. En ma présence.
Entre temps est chimère, espace entre deux non existants. Comment un soupçon de réel pourrait il se glisser dans l’entre deux rien ? « Avant », « après », quand ? Y aurait il une faille entre ces deux non rives ?
Ou bien l’un et l’autre sont souffles, expression de l’Unique. Chaque souffle émanant de la Source, scande le tempo du monde, apparition et disparition, avant et après. Si je me penche à l’extrême du souffle, ou si je plonge en son coeur, en son creux ou m’élève à son zénith, se révèle l’âme du monde. Alors cet entre temps, entre souffles, est accès direct, immédiat, fulgurance en la Beauté du Monde. Entre temps. Entre. Entre dans la fracture du non temps. Tel l’éclair, ou sur sa trace dissoute, entre en Lui.
Alain Désir, 15 février 2019